• Le duo électro Atoem sort ce vendredi son premier album « Entropy » où se mélangent ambiance pop et synthé modulaire.
  • Les deux amis de Rennes ont vu leur carrière décoller après un passage à 5 heures du matin sur la grande scène des Trans Musicales.
  • Programmé ce vendredi sur la scène de l’Antipode, le binôme partira en tournée pour présenter son ode à la lenteur.

« Quand tu montes sur scène et que tu vois une marée de gens face à toi, c’est vraiment impressionnant. Je garde encore la sensation en moi. » C’était un samedi matin de décembre, en 2018. Alors qu’une grande partie de la France dormait encore paisiblement, deux quasi inconnus montaient sur la plus grande scène des Trans Musicales de Rennes pour clore la soirée. C’est là, entre les murs tremblants d’un hall 9 mal insonorisé, face à une foule suintante et en partie avinée que la vie de Gabriel Renault et d’Antoine Talon a basculé. Pas banal pour un changement de vie. Il était un peu plus de cinq heures du matin et le duo électro baptisé Atoem descendait de scène avec la sensation du devoir accompli. Quelques mois plus tôt, les deux gamins avaient été repérés par le patron des Trans qui avait au départ choisi de les programmer à 17 heures dans la salle de l’Étage. « Plus on préparait notre set et plus on voyait que ça ne collerait pas. On est allé voir Jean-Louis Brossard au culot, en lui demandant s’il n’avait pas un autre créneau ». Bien leur en a pris.

Grâce à ce set tardif qui tapait un peu, les deux amis ont réussi à se faire un nom sur la nouvelle scène électro française. Depuis cinq ans et autant d’EP, ils ont enchaîné concerts et festivals. Mais plutôt que de s’entêter à entrer dans le concours de BPM (beats par minute) qui semble agiter le milieu de l’électro tricolore, Antoine et Gabriel ont opté pour un choix plus audacieux et surtout plus fidèle à leur identité : la lenteur. A l’image de leur très bon premier album Entropy sorti ce vendredi, la musique d’Atoem se plaît dans une forme lancinante. « On a toujours aimé la musique downtempo. C’est vrai que le gros de la scène électro va vers des choses plus rapides avec des influences eurodance ou rave. Ce n’est pas vraiment notre identité. On aime bien descendre la cadence, avec des rythmes à moins de 100 BPM. Il y a un côté sensuel qui peut faire naître une forme de transe. On a trouvé notre confort dans la lenteur », explique Gabriel, assis sur la scène de la grande salle de l’Antipode.

Un hommage à Pink Floyd et au rock

Ce vendredi, le tout jeune trentenaire célébrera sur cette même scène la sortie de son premier album au son d’un set qui s’annonce relativement musclé. « On aime commencer doucement. Les sonorités se durcissent au fil du live, le tempo s’accélère et ça finit en bazar. C’est un vrai set électro qui tape », prévient Gabriel. Une ambiance qui tranche avec les sons plus feutrés de ce premier album, où le synthé est roi et s’impose comme dans la new wave des années 1980 et 90. Un disque à la fois planant et énergisant marchant entre la pop et la techno, à l’image de l’excellent Sinking Ocean à écouter ci-dessous. Rien de surprenant quand on sait que les deux potes sont d’abord des grands fans de rock.

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Quand ils se sont rencontrés à la sortie de l’école de musique du Rheu où ils prenaient des cours de guitare et de batterie, les deux ados qu’ils étaient partageaient le même amour pour les Doors, les Strokes, Nirvana mais surtout pour Pink Floyd. C’est d’ailleurs en hommage au groupe psyché britannique que le duo rennais a trouvé son nom. Atoem pour « Atom heart mother », ovni sorti en 1970 dont le titre majeur dure plus de 23 minutes (c’était la durée limite pour une face d’un vinyle de 33 tours). « Pink Floyd a une approche expérimentale du son, une vraie recherche sonore. On aime toujours s’en inspirer », reconnaît le duo.

Pour trouver sa couleur et se différencier de ses illustres influences, Atoem s’est doté d’une arme particulièrement puissante qu’il a lui même conçue. Alors qu’il était inscrit en master d’électronique à la fac, Antoine Tolon s’est lancé dans la conception d’un synthétiseur modulaire. « C’était un projet d’étude donc ça m’a été financé par l’université. Mes profs étaient hyper emballés. J’ai tout fait dedans : j’ai percé les composants, imprimé les cartes électroniques, fabriqué l’habillage. A la fin, la fac voulait le garder pour en faire sa vitrine mais j’ai dû dire non », raconte Antoine.

L’histoire folle du synthé modulaire

Depuis, le duo ne s’est jamais séparé de cette incroyable machine bardée de câbles à laquelle les non-initiés ne comprennent pas grand-chose. Un instrument « do-it-yourself » qui permet à Atoem de multiplier les pistes et les nappes électroniques. « Dans un synthé classique, tout le chemin du son est précâblé. Avec un synthé modulaire, tu peux créer ton propre chemin, le défaire, moduler le son, créer des choses différentes. Les possibilités sont infinies », explique Antoine, son créateur. Toujours présente sur scène, cette pièce unique et originale permet aux Rennais d’afficher des textures singulières et d’imprimer sa patte dans un environnement musical où il est désormais difficile d’innover. Déjà reconnu en France, le duo espère désormais emporter son improbable machine électronique sur d’autres scènes du monde pour voyager et rattraper quelques années de jeunesse passées enfermées dans les studios de création. Il faudra d’abord passer par une importante tournée française.

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