• Ce mercredi, Olivia Ruiz a dévoilé sa nouvelle chanson, La Réplique, et le clip qui l’accompagne.
  • « C’est un hymne aux femmes qui évitent les autoroutes au profit des chemins de traverse », avance-t-elle à 20 Minutes.
  • Il s’agit du premier extrait de son sixième album qui sortira au premier semestre 2024. « Je voulais me mouvoir sur ce qui me faisait bouger ces dernières années, explique Olivia Ruiz à 20 Minutes. Les mots  »hanches » et  »bassin » sont au centre du propos pour chaque chanson. »

« Je suis de celles qui nagent à contre-courant, qui refusent le sens du vent », chante Olivia Ruiz dans La Réplique, premier extrait, révélé ce mercredi, d’un nouvel album attendu pour début 2024. L’artiste prouve encore une fois qu’elle sait être là où on ne l’attend pas forcément. Cette chanson – la première inédite depuis la sortie, il y a sept ans, de son dernier album, A Nos Corps-Aimants – s’aventure dans des sonorités plus brutes, minimalistes et électro. « Il y avait une petite envie d’électricité. Je voulais me mouvoir sur ce qui me faisait bouger ces dernières années », confie-t-elle à 20 Minutes.

Votre dernier album remonte à 2016. La musique vous manquait ?

Pas vraiment, dans le sens où, même si ce n’étaient pas des créations originales, avec le spectacle Bouches cousues [dans lequel elle racontait l’exil de ses grands-parents qui ont fui l’Espagne franquiste] et les tournées musicales autour de mes deux romans [La Commode aux tiroirs de couleur et Ecoute la pluie tomber, parus chez JC Lattès en 2020 et 2022], il y avait une grosse partie création, sur des chansons déjà existantes. Je n’avais pas la sensation d’être en manque de musique mais il y avait une petite envie d’électricité. On était sur des choses acoustiques, indie, garage et c’est vrai que je voulais me mouvoir sur ce qui me faisait bouger ces dernières années. Je me sentais davantage dans un feeling d’énergie. Une petite bougeotte commençait à m’attraper le bassin et le son de ce nouveau disque, des chansons, est parti dans des couleurs proches de La Réplique, même si c’est un morceau très atypique.

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C’est effectivement une chanson surprenante, avec une dimension éléctro à laquelle vous n’aviez pas habitué le public…

J’avais envie de minimalisme, de sensualité. Les mots « hanches » et « bassin » sont au centre du propos pour chaque chanson. On répond davantage à ces choses-là par le biais de sub-bass et de musiques électroniques qu’avec une batterie à la Dave Grohl. Pour la scène, ces nouveaux morceaux vont tomber dans les bras de l’ancien répertoire et l’on va beaucoup s’amuser à revisiter les anciens titres dans ses nouvelles couleurs sonores.

Pourrait-on résumer « La Réplique » en disant qu’il s’agit d’une célébration de l’empouvoirement féminin ?

On pourrait. C’est un hymne aux femmes qui évitent les autoroutes au profit des chemins de traverse. (sourire)

Le texte exprime aussi votre part d’hispanité…

Le refrain m’est spontanément venu en espagnol. Il y avait quelque chose d’évident. Je m’y adresse à un homme en lui disant « OK, maintenant, je t’écoute, mais tu ne parles plus beaucoup. Quand une femme s’affirme, ça te fait fermer ta bouche ». Il y a quelque chose de l’ordre du jeu dans cette chanson. Cette femme se joue des rôles établis, des attentes envers elle, c’est une chanson de liberté disant : « Suis ton instinct, les réponses sont là, dans le cri des viscères qu’on n’écoute pas assez ».

Malgré l’émergence du mouvement #MeToo, la libération de la parole, la médiatisation des féminismes, les droits des femmes demeurent un combat, rien n’est jamais acquis…

C’est d’ailleurs quelque chose de très présent dans ma discographie. La femme chocolat est une chanson contre la grossophobie disant « trouve le regard de quelqu’un qui t’aime plutôt que de t’attacher à ton image dans le miroir ». Mon corps, mon amour disait « Je baise donc je suis ». J’ai toujours eu besoin d’affirmer, dans la discrétion qui peut être la mienne, le fait que ces combats sont les miens. Je le fais en poésie plutôt qu’en adhérant à un parti. Bouches cousues était un hommage aux résilients, à ceux qui dépassent la tragédie de leur histoire pour se construire un destin. Et c’est une leçon. Je me sens faire partie d’une communauté, d’abord de femmes, puis d’êtres humains avec leurs fragilités et leurs forces.

Le clip de « La Réplique » est très graphique et minimaliste, articulé autour d’une chorégraphie contemporaine. Il annonce l’esthétique que vous souhaitez développer ?

C’est clairement un premier indice sur ce qu’il va se passer. Avec les photos de Charlotte Abramow, qui a fait la couverture et le livret de l’album, avec l’équipe qui a réalisé la vidéo et la compagnie Rift Marseille, on était dans une démarche très artisanale. Les combinaisons étaient faites sur mesure, il n’y avait pas de marque visible, on a beaucoup construit, fabriqué. Dans les gros shows que j’ai faits jusqu’à aujourd’hui, on ne sentait pas forcément la main de l’homme. A mon âge, j’ai plus envie de dire à mon fils « Regarde on peut être super créatifs avec des bouts de tissu » que « il faut absolument être habillé par machin pour être chic et claquer ». C’est une démarche globale, en accord avec le discours de la femme de cette fameuse réplique.

Votre premier album, « J’aime pas l’amour », est sorti il y a vingt ans. Quel regard portez-vous dessus aujourd’hui ?

Je n’en porte tellement pas, si vous saviez ! Je regarde devant, j’ai peur de ne pas faire tout ce que j’ai envie de faire alors je ne regarde pas derrière. Récemment, sur les réseaux, quelqu’un m’a souhaité un joyeux anniversaire, ce que je n’ai pas compris tout de suite. Effectivement, en octobre, cela a fait 20 ans que J’aime pas l’amour est sorti. C’est bête, j’aurais bien aimé fêter ça symboliquement, notamment avec tous les auteurs-compositeurs de l’époque qui m’ont accompagnée alors que ce n’était pas gagné.

Vous avez écrit deux romans. En quoi cela a changé ou non votre manière d’aborder l’écriture de vos chansons ?

Après avoir terminé l’écriture des nouvelles chansons, j’ai commencé à relire les textes pour les retravailler et je me disais « Punaise, c’est terrible, je ne raconte rien ». En faisant écouter cela à des gens qui m’entourent et auxquels je me fie parce qu’ils savent être objectifs, les réactions, c’était : « Tu as affiné ton écriture, c’est plus écrit. C’est beaucoup plus immédiat… » La dichotomie entre mon ressenti et ces retours m’interpellaient alors j’ai essayé de comprendre. Bien sûr qu’après avoir écrit 250 pages, j’ai une sensation de vide intersidérale quand j’écris trois strophes. Là, je vais me remettre à écrire un roman et je vais avoir du mal à me mettre dans du long format et à ne pas être dans la formule puisque c’est ce qu’exigeait de moi la chanson depuis plusieurs mois. Je suis amusée de la façon dont le cerveau se met dans un certain mode en fonction de l’activité qu’on pratique et de sa capacité à se déformer très vite (et à se reformer très vite, je l’espère), dans le sens qui est nécessaire à l’instant T.

Vous parliez tout à l’heure de la scène…

Je suis impatiente de reprendre la route des concerts. C’est là que je suis le plus moi, la plus optimale (rires). Il y a L’Olympia en ligne de mire le 20 novembre 2024. Ce sera un moment fort car cela fait un moment que je n’y suis pas retournée. Je fais partie des enfants bénies de cette salle puisque je la fréquente depuis mes débuts. J’avais un lien particulier à Jean-Michel Boris qui n’est plus [ancien directeur général de la salle, il est décédé en 2020]. La dernière fois que j’ai fait L’Olympia, mes quatre grands-parents et mes parents étaient au premier balcon, je n’ai vu qu’eux toute la soirée et, cette fois, ils seront un petit peu moins nombreux. Cet Olympia promet des moments riches en émotion et j’en sens déjà mon bassin qui frétille (rire).

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