La chanteuse aux 200 millions de disques vendus revient enfin sur scène et rend hommage à la “Môme Piaf” avec un double album inédit.
La « Demoiselle d’Avignon » n’avait plus chanté en France depuis près de dix ans ! Ce sera chose faite en octobre 2025, à l’Olympia, pour célébrer ses 60 ans de carrière, suivie d’une tournée en France, en Belgique et en Suisse. L’occasion était donc trop belle pour recueillir la trop rare parole de notre chère « Mimi nationale », en exclusivité pour France Dimanche !
France Dimanche : Vous rappelez-vous quand vous avez entendu pour la première fois Édith Piaf ?
Mireille Mathieu : Dès mon enfance, on l’écoutait souvent à la radio. J’étais très jeune et je ne comprenais pas toujours le sens de ses chansons. Avec papa, maman et mes frères et sœurs, on était bouleversés par cette voix unique. Mon seul regret est de ne l’avoir jamais rencontrée. Édith Piaf est décédée le 10 octobre 1963, quelques mois avant mon premier concours de chant en Avignon.
On a souvent dit de vous la « nouvelle Piaf ». En avez-vous souffert ?
Pas du tout ! C’était le plus beau des compliments pour une débutante. Et cela me touche toujours quand on me le dit… Johnny Stark, mon manager, a souhaité très vite qu’on m’habille sur mesure avec des chansons originales. J’ai eu la chance d’avoir des auteurs et compositeurs extraordinaires comme Francis Lai, Michel Legrand, Maurice Jarre et tant d’autres.
Que représente Édith Piaf pour vous ?
Édith Piaf est la plus grande chanteuse du monde. Elle était unique, elle l’est toujours. À ma façon, j’ai voulu lui rendre hommage en reprenant les vingt-huit chansons les plus emblématiques de son répertoire, accompagnée d’un grand orchestre. Cet album, c’est ma façon de lui dire éternellement : Merci, Madame Piaf ! Je lui dois tant, mes débuts, et le conte de fées que je vis toujours.
Quel souvenir gardez-vous de ce premier radiocrochet en Avignon ?
En fait, je l’ai tenté trois fois… La première, j’étais très mauvaise. La deuxième fois, j’étais mieux car on apprend toujours. Et la troisième fois, j’ai gagné ! Un merveilleux souvenir ! Juste après, je suis montée à la Maison de la radio. On m’a rappelée pour participer au Jeu de la chance le 21 novembre 1965. J’ai interprété Jezebel. C’est grâce à Édith Piaf que j’ai gagné ! J’étais très intimidée face à Roger Lanzac. Je n’arrivais à répondre que par oui ou par non, devant cette boîte magique qu’est la caméra.
Dans ce nouvel album, il y a une surprise : vous avez composé une chanson sur Édith Piaf.
Juste la musique ! Pendant mes vocalises, il m’arrive de fredonner des mélodies qui me viennent spontanément. Matite, ma sœur, m’a enregistrée et on a fait décrypter les notes par un musicien. Les paroles sur la vie de Madame Piaf sont de Claude Lemesle. [Mireille Mathieu se met à chanter a cappella, ndlr] : « Tu as grandi moineau fragile / En Normandie et à Bellevillle / Et dans les cours et dans les rues / Vibrait ta voix d’enfant perdue / C’est l’amour en robe noire / Qui toujours dans nos mémoires / Nous dit de vivre et de chanter… »
“Mon seul regret est de ne l’avoir jamais rencontrée.”
Vous n’avez pas chanté en France depuis 2014… Vos fans s’impatientent !
Pour mes 60 ans de carrière, en novembre 2025, je serai de retour à l’Olympia trois soirs, puis en tournée dans toute la France. Je suis très heureuse et impatiente de retrouver mon cher public français, à Nantes Bordeaux, Montpellier, Lyon, Marseille, Lille et Strasbourg, mais aussi à Bruxelles, Mons et Lausanne. Comme d’habitude, je chanterai bien sûr en Avignon. Ce sera particulièrement émouvant pour moi. Ce sera la première fois sans ma maman, qui n’est plus là… Tout a commencé pour moi grâce à la France, mon pays. Chanter, c’est ma vie, et être demandée dans d’autres pays est extraordinaire. Le 10 et le 11 décembre prochain, je serai à Prague, en République tchèque. En 2025, j’irai au Canada, où je ne me suis pas produite depuis trente-cinq ans. Je vais chanter à Montréal, Québec et Sherbrooke Ensuite, ce sera l’Autriche et l’Allemagne.
Comment entretenez-vous votre voix ?
Tous les matins, je démarre par mes vocalises. Je suis très disciplinée. Je travaille ma respiration, sans forcer comme me l’a appris une très grande dame, Janine Reiss, ma professeure de chant décédée il y a trois ans… Travailler avec elle a été un privilège et un honneur. J’étais sa première élève venant de la variété. Jusque-là, elle avait travaillé avec Maria Callas et Placido Domingo. J’ai réussi à la convaincre car j’écoutais bien ses conseils. Je ne fume pas et ne bois pas, excepté lors des grandes occasions familiales, et toujours avec modération : un verre de châteauneuf-du-pape, le vin de ma région natale, et une coupe de champagne. Pas plus ! Je révise souvent mes chansons car je ne veux pas de prompteur. Il n’y aurait pas la même émotion.
Où en est ce projet de duo avec Lady Gaga ?
Je l’espère toujours ! C’est Lady Gaga qui l’a proposé quand je l’ai rencontrée sur le plateau de C à vous, sur France 5 [en 2014, ndlr]. Ce jour-là, on a chanté La Vie en rose. Lady Gaga a une voix sublime et sa personnalité est extraordinaire.
Dernièrement, Stéphane Bern a réalisé un documentaire sur vous, intitulé La Mystérieuse Demoiselle d’Avignon. Y aurait-il un mystère Mireille Mathieu ?
Je ne pense pas, vraiment… C’est juste un bon titre, comme vous savez le faire ! [Rires]. Il a été dit que je savais ce que je voulais. C’est vrai. Je sais ce que je veux quand je fais quelque chose, même si je peux me tromper. J’ai la chance de vivre de ma passion. J’en suis très reconnaissante. Depuis près de soixante ans, je suis sur scène grâce à un public fidèle. C’est sur la scène qu’on apprend son métier. Rien n’est acquis. J’adore découvrir et j’adore apprendre, encore et toujours à mon âge [Mireille a fêté en famille son 77e anniversaire le 22 juillet, ndlr].
“Ce sera la première fois que je chanterai en Avignon sans ma maman, qui n’est plus là…”
L’adolescente d’Avignon imaginait-elle une telle carrière en participant à un concours de chant dans son quartier ?
Non, vraiment. C’était impossible d’imaginer que ma vie serait un conte de fée. Comme un rêve qui ne pouvait pas devenir réalité.
Édith Piaf serait-elle votre ange gardien ?
Je ne sais pas… Peut-être, sans doute même… En tout cas, le public me suit depuis si longtemps. Je sais aussi que certaines personnes apprennent la langue française grâce à mes chansons. C’est très touchant…
Propos recueillis par François PERRET
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