{"id":413216,"date":"2023-12-20T21:09:08","date_gmt":"2023-12-20T21:09:08","guid":{"rendered":"https:\/\/clbritmondiale.com\/?p=413216"},"modified":"2023-12-20T21:09:08","modified_gmt":"2023-12-20T21:09:08","slug":"interview-pierre-arditi-dans-les-coups-durs-evelyne-est-mon-roc","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/clbritmondiale.com\/celebrites\/interview-pierre-arditi-dans-les-coups-durs-evelyne-est-mon-roc\/","title":{"rendered":"INTERVIEW \u2013 Pierre Arditi\u00a0: \u00ab\u00a0Dans les coups durs, \u00c9velyne est mon roc\u00a0\u00bb"},"content":{"rendered":"
Victime d’un nouveau malaise, le com\u00e9dien de 79 ans a retrouv\u00e9 la sc\u00e8ne avec gourmandise. A ses c\u00f4t\u00e9s, son \u00e9pouse Evelyne Bouix nous dit ses joies et parfois ses craintes de vivre avec un homme qui ne s’ \u00e9conomise pas. Un entretien sensible et g\u00e9n\u00e9reux. A leur image.<\/p>\n
En ce samedi 9 d\u00e9cembre, Pierre Arditi<\/strong> va mieux. Beaucoup mieux. A la demande de ses m\u00e9decins, il a renonc\u00e9 \u00e0 remonter sur sc\u00e8ne d\u00e8s le lendemain de son \u00ab l\u00e9ger malaise \u00bb survenu en pleine repr\u00e9sentation de la pi\u00e8ce Lapin<\/em>, mais la voix est \u00e9nergique. Enjou\u00e9e. De son domicile, il s’enquiert m\u00eame des photos que nous allons choisir pour illustrer notre entretien. Une interview \u00e0 deux voix avec son \u00e9pouse, la com\u00e9dienne Evelyne Bouix<\/strong>, que nous avons r\u00e9alis\u00e9e la veille, quelques heures avant ce \u00ab fameux \u00bb nouveau malaise\u2026 finalement sans cons\u00e9quence. Evelyne qui tourne en Bretagne, avec J\u00e9r\u00e9my Banster, un \u00e9pisode des Secrets du Finist\u00e8re,<\/em> pour France 3, est d\u00e9sormais rassur\u00e9e. Mais veille sur son \u00ab amoureux \u00bb comme le lait sur le feu. Pas toujours facile de suivre l’animal\u2026<\/p>\n GALA : <\/strong>Vous voil\u00e0 \u00e0 nouveau sur sc\u00e8ne, la vie a donc repris le dessus ! GALA :<\/strong> Vous dites d’ailleurs : \u00ab Jouer, c’est ma vie, si on me disait que je ne pouvais plus faire \u00e7a, je mourrais tout de suite. \u00bb Cela doit \u00eatre extr\u00eamement angoissant pour vous Evelyne ! GALA :<\/strong> Pierre, ce m\u00e9tier vous a-t-il permis d’\u00eatre au plus pr\u00e8s de vous au moins ? GALA :<\/strong> Evelyne, \u00e9tiez-vous dans la salle au moment o\u00f9 Pierre a fait son premier malaise sur sc\u00e8ne, il y a deux mois ? GALA : <\/strong>Cet \u00ab incident m\u00e9dical \u00bb a-t-il chang\u00e9 quelque chose entre vous ? \u201cPierre ne pourrait pas se passer du th\u00e9\u00e2tre. C’est tr\u00e8s fatigant, c’est un stress \u00e9norme mais c’est ainsi. \u201d GALA : <\/strong>Pierre, quel genre de femme est Evelyne dans ces moments-l\u00e0 ? GALA : <\/strong>Vous venez de f\u00eater vos 79 ans, le 1er d\u00e9cembre\u2026 GALA :<\/strong> On a compris que dans votre couple, c’est Evelyne la plus responsable ! GALA :<\/strong> On vous sent fascin\u00e9 par la puissance et le myst\u00e8re du sentiment amoureux\u2026 GALA :<\/strong> Comment se dit-on encore \u00ab je t’aime \u00bb, apr\u00e8s trente-huit ans d’amour ? GALA :<\/strong> Qu’\u00e9voque pour vous la notion de vieillir ensemble ? GALA :<\/strong> Pierre, vous nous avez beaucoup touch\u00e9s dans Sept \u00e0 huit <\/em>en \u00e9voquant, boulevers\u00e9, \u00ab les enfants tenant dans la rue la main de leur p\u00e8re ou de leur m\u00e8re \u00bb. Qui pleure en vous \u00e0 ce moment-l\u00e0, l’homme ou l’enfant ? GALA : <\/strong>Est-ce que vous pleurez l’insouciance de l’enfance ? GALA : <\/strong>Quel cadeau, elle vous a fait l\u00e0 ! GALA :<\/strong> Evelyne, comment vivez-vous cette sensibilit\u00e9 ou cette hypersensibilit\u00e9 de Pierre ? GALA : <\/strong>L’id\u00e9e qu’un jour, il puisse ne plus \u00eatre l\u00e0, vous y pensez ? \u201cCe n’est pas parce que, tout \u00e0 coup, j’ai eu une baisse de tension que je suis devenu un l\u00e9gume\u201d GALA : <\/strong>Pierre, vous dites que la mort vous \u00ab emmerde \u00bb\u2026 GALA :<\/strong> Vous parlez peu de votre statut de grands-parents, mais il se dit que vous vous r\u00e9galez dans ce r\u00f4le-l\u00e0 aussi\u2026 Cet article \u00e9tait \u00e0 retrouver dans le Gala N\u00b01592, disponible le 14 d\u00e9cembre dernier dans les kiosques. Le nouveau num\u00e9ro de Gala sort ce jeudi 21 d\u00e9cembre 2023. Bonne lecture.<\/strong><\/p>\n <\/p>\n Cr\u00e9dits photos : COADIC GUIREC \/ BESTIMAGE<\/p>\n
\nPIERRE ARDITI : <\/strong>Oui, la vie a repris le dessus. Bon, je me serais volontiers pass\u00e9 de cet \u00e9pisode. Si on \u00e9coutait les m\u00e9dias, j’\u00e9tais mort ! Or, il me fallait juste du repos et r\u00e9\u00e9valuer mon traitement. Il faut que j’accepte de ne plus \u00eatre un perdreau de l’ann\u00e9e et de lever un peu le pied. Mais il est hors de question que j’arr\u00eate mon m\u00e9tier. Personne ne m’oblige \u00e0 travailler comme \u00e7a. Seul le d\u00e9sir m’anime.<\/p>\n
\nE. B. :<\/strong> C’est son moteur, sa drogue, son ADN. On n’est pas tout \u00e0 fait dans la m\u00eame dynamique, lui et moi. Et pourtant, nous sommes tous les deux com\u00e9diens. Moi, j’ai une passion pour les tournages, les petits matins, le froid. Pierre travaille beaucoup plus que moi. Il ne pourrait pas se passer du th\u00e9\u00e2tre. C’est tr\u00e8s fatigant, c’est un stress \u00e9norme mais c’est ainsi.<\/p>\n
\nP. A. :<\/strong> Michel Bouquet disait qu’il existe deux cat\u00e9gories d’acteurs. Certains le font pour se fuir et fuir la r\u00e9alit\u00e9. D’autres pour se trouver. J’appartiens \u00e0 la seconde, Michel Bouquet \u00e0 la premi\u00e8re : j’exerce mon m\u00e9tier depuis presque soixante ans. Petit \u00e0 petit, je m’approche de moi-m\u00eame. Je n’y arriverai jamais tout \u00e0 fait. Mais, je sais, en gros, ce qu’il me reste \u00e0 accomplir pour tenter d’\u00eatre celui que j’avais imagin\u00e9.<\/p>\n
\nE. B. :<\/strong> Pas du tout ! Je m’\u00e9tais cass\u00e9 le poignet et je revenais des urgences avec un \u00e9norme pl\u00e2tre ! Muriel Robin m’appelle ce jour-l\u00e0, en me disant : \u00ab il faut que tu viennes imm\u00e9diatement. \u00bb J’ai eu tr\u00e8s, tr\u00e8s peur. J’avais vu qu’il \u00e9tait fatigu\u00e9, cet \u00e9t\u00e9. C’est normal avec tout ce qu’il fait. Mais je ne m’attendais pas \u00e0 \u00e7a. C’\u00e9tait violent.<\/p>\n
\nE. B. : <\/strong>Pour moi, non. J’ai juste eu peur qu’il soit tr\u00e8s mal et que notre vie soit plus compliqu\u00e9e. Il est avant tout un homme de th\u00e9\u00e2tre, un homme de public. Il aime les gens, il aime \u00eatre sur sc\u00e8ne, m\u00eame s’il dit qu’il a envie de faire des choses avec moi. J’ai eu peur qu’il soit amput\u00e9 de \u00e7a.<\/p>\n
\nEvelyne Bouix<\/strong><\/em><\/p><\/blockquote>\n
\nP. A. : <\/strong>Dans les coups durs, Evelyne est exceptionnelle ! C’est une force de la nature, elle est mon roc ! Elle prend tout \u00e0 bras-le-corps. Je me bande les yeux et je me laisse guider par elle, toujours et tout le temps.<\/p>\n
\nP. A. : <\/strong>Oui et \u00e0 cet \u00e2ge-l\u00e0, c’est un jour de deuil ! Je ne f\u00eate pas mon anniversaire, je f\u00eate celui des autres. D’autant que, dans un an, ce sera un \u00e2ge tragique ! Bon, on dira que j’ai quatre fois vingt ans.<\/p>\n
\nP. A. :<\/strong> Oui, bien s\u00fbr ! Moi, je suis un gosse, il y a toute une s\u00e9rie de choses que je devrais prendre au s\u00e9rieux et qui m’emmerdent. L\u00e0, il faut que je sois un peu plus raisonnable. Ma femme est une personne fondamentale dans mon existence. On est li\u00e9s depuis trente-huit ans. Chez les acteurs, on doit \u00eatre les recordman et recordwoman de la discipline ! On se donne des rendez-vous d’amoureux. On a des projets d’ados, c’est absolument d\u00e9licieux.<\/p>\n
\nP. A. :<\/strong> Oui, on continue de s’aimer, d’avoir envie d’\u00eatre l’un avec l’autre, d’avoir des choses \u00e0 se raconter.<\/p>\n
\nE. B. :<\/strong> Je lui dis \u00abje t’aime\u00bb quand je le trouve beau, quand il a un beau sourire, parce qu’il m’attendrit, quand il me fait plaisir.
\nP. A. :<\/strong> On se le dit tous les matins et cinq fois par jour au t\u00e9l\u00e9phone quand nous ne sommes pas ensemble. C’est normal ! Enfin, c’est normal\u2026 Non, c’est assez rare en fait !<\/p>\n
\nP. A. :<\/strong> Cela ne veut rien dire. Vivre ensemble, \u00e7a oui ! Ma femme n’est pas vieille et moi non plus. Nous sommes encore des galopins.
\nE. B. :<\/strong> Des galopins ? Tu as raison ! J’aime bien quand tu parles comme \u00e7a !<\/p>\n
\nP. A. :<\/strong> Les deux. C’est l’homme-enfant, c’est l’enfant-homme, je ne sais pas. Quand on pleure, on pleure sur soi-m\u00eame. On sait qu’\u00e0 un moment donn\u00e9, cette main va dispara\u00eetre. J’ai \u00e9t\u00e9 ce petit gar\u00e7on qui galopait, mon p\u00e8re sur son v\u00e9lo, et ma m\u00e8re qui nous tenait par la main, ma s\u0153ur et moi.<\/p>\n
\nP. A. : <\/strong>Non, non, je ne peux pas dire \u00e7a. Ma m\u00e8re m’a toujours dit : \u00ab Un homme qui ne sait pas pleurer n’est pas un homme parce qu’il ne s’attache \u00e0 rien. \u00bb<\/p>\n
\nP. A. : <\/strong>Elle a fait l’homme que je suis devenu. Mon p\u00e8re a fait l’acteur. Je leur dois tout, \u00e0 ces deux-l\u00e0. Quand mon \u00e2me est touch\u00e9e au plus profond, les larmes viennent toutes seules. Mes \u00e9motions ne m’effraient pas, j’en suis m\u00eame tr\u00e8s fier.<\/p>\n
\nE. B. :<\/strong> C’est une hypersensibilit\u00e9. Avec les ann\u00e9es, certains sujets le touchent \u00e9norm\u00e9ment, d’autres le blessent particuli\u00e8rement. Je pense que c’est li\u00e9 \u00e0 la fuite du temps. Ce que je respecte. Je trouve cela bouleversant. Mais, quand il fait face \u00e0 un trop plein d’\u00e9motions, cela me perturbe. Me g\u00eane. Je suis quelqu’un de tr\u00e8s pudique. La vie est parfois compliqu\u00e9e, la vie fait peur, la vie qui s’en va tout doucement aussi\u2026 Pierre y pense beaucoup. Mais moi, je ne veux pas me pencher sur la question.<\/p>\n
\nE. B. : <\/strong>Je ne veux pas. Je suis dans le pr\u00e9sent, tout le temps. Pierre a tendance \u00e0 penser \u00e0 l’apr\u00e8s, je l’entends, je le comprends, mais je n’ai pas envie de le suivre sur ce terrain.<\/p>\n
\nPierre Arditi<\/strong><\/em><\/p><\/blockquote>\n
\nP. A. : <\/strong>Ah oui, la mort m’emmerde. Je n’ai pas envie que \u00e7a s’arr\u00eate ! Pourquoi voudriez-vous que \u00e7a s’arr\u00eate d’ailleurs ! Je vais vous dire une chose : ce qui m’ennuie le plus, mais je pr\u00e9cise que c’est une boutade, c’est que les autres continuent alors que je ne serai plus l\u00e0. De quel droit ! [Rires] <\/em>Plus s\u00e9rieusement, oui j’ai peur de la d\u00e9ch\u00e9ance physique. Gr\u00e2ce \u00e0 Dieu, je n’y suis pas confront\u00e9. Ce n’est pas parce que, tout \u00e0 coup, j’ai eu une baisse de tension que je suis devenu un l\u00e9gume. Je suis extr\u00eamement performant. Mon p\u00e8re est mort \u00ab alzheim\u00e9rien \u00bb. Il \u00e9tait brillantissime, intelligent, beau, c’\u00e9tait mon phare. Pendant huit ans, petit \u00e0 petit, \u00e7a s’est d\u00e9grad\u00e9. A un moment donn\u00e9, je suis devenu le p\u00e8re de mon p\u00e8re. Cela reste un choc terrible pour moi. Mes parents ne sont plus l\u00e0 \u00e9videmment, mais je leur parle tout le temps. D’ailleurs, j’ai toujours cette sensation \u00e9trange qu’un jour, je les croiserai au coin d’une rue et qu’ils me feront un signe. C’est \u00e9trange, car je suis un ath\u00e9e mystique, mais un ath\u00e9e quand m\u00eame. Il faut qu’ils se magnent parce que je ne vais pas durer comme \u00e7a pendant trente ans !<\/p>\n
\nP. A. :<\/strong> J’ai toujours pens\u00e9 que, lorsqu’on m’appellerait papi, je serais furieux et en r\u00e9alit\u00e9, je suis fou de bon heur ! Salom\u00e9, la fille d’ Evelyne et Claude Lelouch, que j’ai \u00e9lev\u00e9e puisque je suis rentr\u00e9 dans la vie de sa m\u00e8re, lorsqu’elle elle avait 3 ans, a une f ille merveilleuse. Elle s’appelle Gabrielle [qui aura bient\u00f4t dix ans, ndlr]<\/em>. Elle a deux grands-p\u00e8res. Moi, je suis un \u00ab beau-grand-p\u00e8re \u00bb. Je suis Papi Pierrot et c’est capital !
\nE. B. :<\/strong> Je l’aime cette petite-fille ! Je ne me fais pas appeler par un autre pr\u00e9nom. Quand elle crie \u00ab Mamie, mamie \u00bb, pour moi, c’est comme lorsque Salom\u00e9 disait maman. Je lui parle beaucoup plus de la vie, des valeurs, de ce que sont les gens, comment il faut vivre avec eux\u2026 chose que je ne faisais avec sa m\u00e8re. Cet enfant est un cadeau de la vie. Elle est la ga\u00eet\u00e9 incarn\u00e9e. Pierre et moi sommes combl\u00e9s.<\/p>\nA propos de<\/h2>\n
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