En peu de temps, elle est devenue l\u2019espoir de la chanson fran\u00e7aise avec son tube La Symphonie des \u00e9clairs. Rencontre avec une jeune femme de 23\u00a0ans sensible, tendre et touchante. Une fille du tonnerre.<\/p>\n
Ao\u00fbt 2021, un avion d\u00e9colle pour le Portugal et trouve sa vitesse de croisi\u00e8re au-dessus de la couche nuageuse. Install\u00e9e c\u00f4t\u00e9 hublot, une jeune femme constate : \u00ab\u00a0Il fait toujours beau au-dessus des nuages<\/em>.\u00a0\u00bb A l\u2019approche de sa destination, l\u2019engin s\u2019enfonce dans les intemp\u00e9ries en vue de l\u2019atterrissage. La m\u00eame jeune femme, en route pour Lisbonne afin de rejoindre sa meilleure amie, poursuit sa r\u00e9flexion en notant : \u00ab\u00a0Mais moi si j\u2019\u00e9tais un oiseau, j\u2019irais danser sous l\u2019orage<\/strong><\/em>.\u00a0\u00bb De retour chez elle \u00e0 Saint-Nazaire, sur la c\u00f4te Atlantique, Zaho de Sagazan, 23 ans, ne sait que faire de ces deux phrases, tandis que son premier disque (sorti au printemps dernier) est quasiment termin\u00e9. Inlassablement, elle cherche \u00e0 d\u00e9velopper ce point de d\u00e9part apr\u00e8s avoir trouv\u00e9 une m\u00e9lodie pour l\u2019accompagner. Elle se souvient : \u00ab\u00a0Le titre La Symphonie des \u00e9clairs s\u2019est alors impos\u00e9, et j\u2019ai fil\u00e9 cette m\u00e9taphore sur le fait que la musique m\u2019a aid\u00e9e, enfant, \u00e0 canaliser mes temp\u00eates d\u2019\u00e9motions de gamine trop sensible<\/em>.\u00a0\u00bb<\/p>\n Cette m\u00eame Symphonie des \u00e9clairs \u00e0 l\u2019\u00e9criture en ligne claire et au propos limpide a permis \u00e0 Zaho de Sagazan de s\u2019imposer<\/strong> en quelques mois avec assurance sur les ondes comme sur toutes les sc\u00e8nes de France*. Laissant ainsi derri\u00e8re elle le lointain souvenir de cette fillette qui pleurait pour un oui ou pour un non, submerg\u00e9e par sa sensibilit\u00e9. \u00ab\u00a0Petite, j\u2019\u00e9tais incapable de soutenir une discussion un peu engag\u00e9e sans finir en pleurs, le corps pris de soubresauts\u00a0\u00bb<\/em><\/strong>, se rappelle-t-elle. Jusqu\u2019\u00e0 ce qu\u2019elle pose ses mains \u00e0 l\u2019\u00e2ge de 13 ans sur le piano familial, pour ne plus le l\u00e2cher, rempla\u00e7ant son obsession de rendre des devoirs impeccables \u00e0 l\u2019\u00e9cole par celle de ma\u00eetriser parfaitement cet instrument. Chez les Le Moni\u00e8s de Sagazan, on encourage d\u2019ailleurs l\u2019expression artistique comme l\u2019expression tout court. Sa maman, institutrice \u00e0 Saint-Nazaire, pr\u00f4ne en effet la parole libre chez ses cinq filles tandis que leur p\u00e8re, le plasticien Olivier de Sagazan<\/strong>, passe \u00e0 l\u2019\u00e9poque le plus clair de son temps \u00e0 peindre dans son atelier mal chauff\u00e9. \u00ab\u00a0Avant de faire des performances et de travailler pour le cin\u00e9ma, la mode ou la musique, il gagnait que dalle et il a eu de la chance d\u2019avoir une femme super qui l\u2019a soutenu pendant dix ans\u00a0\u00bb<\/em>, note la derni\u00e8re des Sagazan, qui partage son statut de benjamine avec une s\u0153ur jumelle. Elle poursuit : \u00ab\u00a0\u00c0 la maison, on mangeait souvent des lentilles. En revanche, si on voulait prendre des cours de danse, il n\u2019y avait pas de probl\u00e8me<\/em>.\u00a0\u00bb Elle se souvient aussi de ces apr\u00e8s-midi o\u00f9, sautant sur un matelas pos\u00e9 au milieu du salon, les cinq frangines se d\u00e9guisaient et chantaient \u00e0 tue-t\u00eate des tubes de com\u00e9dies musicales tels ceux de Rom\u00e9o et Juliette, Mozart, l\u2019op\u00e9ra rock ou le classique Peau d\u2019\u00e2ne<\/strong>. Ou encore du choc provoqu\u00e9 chez elle par ses premi\u00e8res \u00e9coutes de Stromae alors qu\u2019elle avait 15 ans. Un artiste belge avec qui elle partage quelques points communs, perceptibles dans son travail : \u00ab\u00a0Il m\u2019a montr\u00e9 qu\u2019une chanson pouvait \u00eatre \u00e0 la fois profonde et dansante, donner \u00e0 la fois envie de pleurer et de bouger<\/em>.\u00a0\u00bb<\/p>\n Et tandis que ses s\u0153urs se dirigent vers des m\u00e9tiers d\u2019infirmi\u00e8re-anesth\u00e9siste, de sc\u00e9nariste, d\u2019ing\u00e9nieure ou de chor\u00e9graphe<\/strong>, Zaho d\u00e9laisse ses ambitions dans le domaine m\u00e9dical pour se consacrer compl\u00e8tement \u00e0 la musique et se raconter des histoires en chansons sur fond de rythmes \u00e9lectroniques. \u00ab\u00a0Autour de moi, j\u2019entendais d\u2019inquiets \u201celle fait un album, bon\u2026\u201d Pour ma part, je n\u2019ai jamais dout\u00e9 de mon art, de pouvoir vivre de ma musique. En revanche, j\u2019\u00e9tais persuad\u00e9e que personne ne pourrait tomber amoureux de moi<\/em>.\u00a0\u00bb Zaho de Sagazan explique d\u2019ailleurs n\u2019avoir jamais \u00e9t\u00e9 en couple : \u00ab\u00a0Je ne suis sortie avec personne. Je connais l\u2019amiti\u00e9 mais je ne connais pas l\u2019amour romantique. <\/em>Je serais ravie de rencontrer une fille ou un gar\u00e7on<\/em><\/strong>, j\u2019ai le choix, mais \u00e7a ne s\u2019est pas encore pr\u00e9sent\u00e9. Peut-\u00eatre suis-je trop exigeante<\/em>.\u00a0\u00bb En attendant, elle s\u2019amuse avec son \u00e9quipe de copains-collaborateurs pour organiser une tourn\u00e9e dans tous les Z\u00e9nith de France. Alors qu\u2019il y a peu de temps, ils se produisaient au CafK, un caf\u00e9-bar de Nantes. La r\u00e9sultante d\u2019un succ\u00e8s \u00e0 la fois foudroyant et m\u00e9rit\u00e9, qui balaie tout sur son passage.<\/p>\n