"Sex and the City" : une série très en avance sur son temps !
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Cette série décapante sur les amours tumultueuses de quatre New-Yorkaises est devenue culte en levant bon nombre de tabous sur la sexualité des femmes.

Inspirée par le livre de Candace Bushnell, qui regroupe ses chroniques parues dans The New York Observer, cette série réalisée par Darren Star (Beverly Hills 90210, Melrose Place, Emily in Paris) retrace le quotidien de quatre trentenaires new-yorkaises à l’aube des années 2000. Carrie Bradshaw (Sarah Jessica Parker) et ses trois meilleures amies, Charlotte York (Kristin Davis), Miranda Hobbes (Cynthia Nixon) et Samantha Jones (Kim Catrall), ont un point commun : elles sont célibataires et cherchent l’homme idéal, tout en désirant vivre leur sexualité librement et sans complexes. Et, à New York, ce n’est pas toujours chose facile. Car si rencontrer un homme est aisé, le garder est une autre histoire !

Samantha, la plus âgée du groupe, attachée de presse et grande séductrice, aime batifoler et vivre sa sexualité sans tabou. L’éternelle romantique Charlotte, galeriste, est de son côté à la recherche du prince charmant. Miranda, brillante avocate, a toujours fait passer sa carrière avant ses amours. Enfin, Carrie, journaliste sentimentale et excentrique, tisse et détricote tour à tour une relation explosive avec l’homme de sa vie, « Mr. Big » (Chris Noth).

15 ans avant #MeToo

©BRANKENHORN Craig

Sex and the City est à l’époque un programme sulfureux dans un pays qui a toujours fait preuve d’un certain puritanisme.

Mais l’enjeu de la série était moins de libérer les mœurs que de porter un regard critique sur les normes, d’affranchir la nature du sexe des contraintes sociales. De manière humoristique, quinze ans avant le mouvement #MeToo, la création de Darren Star annonce l’avènement d’un nouveau monde, fondé sur un corps féminin qui s’appartient enfin pleinement et sur lequel ne pèse plus une organisation sociale qui l’oppresse.

De plus, le drolatique feuilleton a considérablement fait avancer le traitement des personnages féminins à la télévision. Sans lui, des séries comme Gossip Girl (2007), Girls (2012), ou même The Handmaid’s Tale (2017) et Poupée russe (2019) n’auraient sans doute pas existé.

Le sexe déclassé X

©DC

C’est en effet la première fois que des trentenaires désinhibées apparaissent sur le petit écran. Elles ne sont pas mariées, ne se soucient pas de maternité, sont financièrement indépendantes et profitent d’une vie sexuelle et amoureuse bien remplie. C’est aussi la première fois que les téléspectatrices peuvent s’identifier à ce type d’héroïnes.

Carrie, Miranda, Charlotte et Samantha n’incarnent pas des modèles de perfection, mais représentent au contraire les différentes facettes d’une seule et même femme : fleur bleue, carriériste, émancipée, ou assumant une sexualité débridée. Avec un humour décomplexé, les quatre personnages n’hésitent pas à relater sans filtre leurs expériences avec les hommes et leur vie sexuelle. Plans à trois, orgasme, sex-toys… Rien n’est occulté. Sarah Jessica Parker et ses copines font souvent rire, et parfois pleurer, à travers leurs amours compliquées, leurs achats compulsifs de fringues et de chaussures, leurs aventures sexuelles débridées… Les ingrédients de ce succès : des dialogues qui font mouche, des actrices au diapason et des situations à la fois justes, désopilantes et cocasses.

Prince-moi, je rêve

Sex and the City aura contribué au lifting des séries télé féministes à l’humour social pimenté. Devançant Desperate Housewives (2004), le feuilleton, décliné sur 94 épisodes de 1998 à 2004, a connu un franc succès en privilégiant le franc-parler de ses héroïnes affranchies qui assumaient leurs désirs et multipliaient les « coups d’un soir ». Mais à y regarder de près, c’est quand même le prince charmant qu’elles n’avaient de cesse de rechercher…

Et aussi…

5 anecdotes

1. Des droits d’auteur maigrichons

Candace Bushnell, plume du New York Observer, dans lequel elle écrivait la rubrique « Sex and the City », n’a reçu « que » 60 000 dollars de droits d’auteur. De la « pacotille » eu égard au succès de la série.

2. Carrie devait être brune

Il était prévu que Carrie Bradshaw soit brune mais les producteurs ont changé d’avis à la dernière minute car Candace Bushnell, dont Carrie est l’alter ego, est elle-même blonde.

3. “Le Russe” est une légende de la danse

Aleksandr Petrovsky ou « le Russe » (comme l’appelait Carrie lorsqu’elle était avec ses amies) est interprété par Mikhaïl Barychnikov, étoile légendaire du New York City Ballet.

4. Le contrat antinudité de Carrie

Sarah Jessica Parker est la seule de la distribution à avoir imposé une clause pour ne jamais tourner de scènes de nu.

5. Sarah Jessica Parker ne voulait pas jouer Carrie Bradshaw

L’actrice ne devait pas incarner la célibataire la plus célèbre de la série. Lisa Edelstein, la star de Girlfriends’ Guide to Divorce, aurait été le second choix si Parker avait refusé.

Des drôles de dames “fashionistas”

Un décryptage de la série ne pouvait se faire sans évoquer son statut culte dans le monde de la mode. Les années 2000, époque notoire pour ses looks déjantés, ont ainsi vu régner l’expérimentation et la prise de risque. Carrie et ses amies rivalisaient d’originalité pour proposer des tenues extravagantes qui ont influencé toute une génération de « fashionistas ». Elles ont notamment popularisé la marque d’escarpins Manolo Blahnik et le Saddle Bag, un sac en forme de selle de cheval griffé Dior.

Dominique PARRAVANO

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