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  • La collection Meurtres à… a été lancée en 2013 sur France 3 et depuis son succès ne se dément pas.
  • Dans chacune de ses fictions, la ville est le personnage principal de l’intrigue
  • Pourquoi décide-t-on de faire un Meurtres à Amiens, Nancy, ou Pont-l’Evêque ? Anne Holmes, directrice des programmes et directrice de la fiction française de France Télévisions, nous éclaire sur la question

Carcassonne, Rouen, Guérande, Collioure, Avignon, Cognac…. Meurtres à… compte un peu plus de soixante-dix épisodes, chacun mettant en avant une ville ou une région. Ces localités servent de décor à des enquêtes qui réunissent en moyenne entre 4,5 et 5 millions de téléspectateurs le samedi soir sur France 3. Le succès est tel que cette collection arrive très souvent en tête des audiences. Le dernier inédit en date, Meurtres à Chantilly, programmé le 2 septembre dernier (et que France 3 rediffuse ce soir), a rassemblé 4, 49 millions de téléspectateurs avec 26,3 % de PDA, bien loin devant « Fort Boyard » (12,8 %), arrivé en deuxième position.

Mais comment détermine-t-on le lieu où se déroulera l’intrigue ? Quel est le cahier des charges pour qu’une ville décroche son épisode ? « Les Meurtres à… sont soumis à des codes très particuliers, prévient Anne Holmes, directrice des programmes et directrice de la fiction française de France Télévisions. La priorité est donnée à la légende liée à la région. Certaines sont très connues, d’autres moins. Ce sont les producteurs qui nous les proposent ». Ainsi, dans Meurtres à Chantilly, il est question d’une vieille légende concernant le château de la ville, celle de l’anneau magique qui avait le pouvoir maléfique de rendre amoureux n’importe qui. Ou dans Meurtres à la pointe du Raz, le scénario évoque la légende bretonne de l’Ankou, ce serviteur de la mort chargé de collecter l’âme des défunts.

« Répartir sur le territoire pour que chacun soit mis en valeur »

« La Bretagne a été très exploitée, en matière de légendes, de paysages, de personnages, d’us et coutumes. D’ailleurs, la première fiction de la collection se déroulait à Saint-Malo, souligne-t-elle. C’est le cas également de la Normandie. Là, on va bientôt avoir la Côte Fleurie ». Au-delà des récits populaires traditionnels, l’histoire de la ville et les personnalités qui y ont vécu peuvent aussi venir nourrir une intrigue et permettre d’explorer à un autre aspect d’une région. « Vous pouvez avoir un épisode sur une légende en Normandie et un autre qui se construira autour de Proust à Cabourg, précise-t-elle. On essaye de répartir sur le territoire pour que chacun soit mis en valeur comme il se doit, mais effectivement il y a des régions plus propices que d’autres ». Pour s’assurer de couvrir tout le territoire, la chaîne lance également des pistes. Ce fut le cas pour l’Est de la France, moins représenté au départ dans la collection. Depuis Meurtres à Epinal ou Meurtres à Strasbourg ont vu le jour, entre autres. Généralement, la collection privilégie les villes connues ou qui gagnent à être connues. « Il faut qu’on ait envie de découvrir la ville et savoir à peu près où elle est », ajoute Anne Holmes.

Vu la vitrine qu’offre cette collection au patrimoine culturel régional, est-ce que les offices du tourisme se manifestent pour vanter les atouts d’une localité ? « Ça arrive qu’on nous dise :  » Ça serait bien que vous veniez tourner chez nous, notre ville est formidable « . Et a contrario, il y a des régions qui n’aiment pas qu’on « tue » chez eux, qui nous disent : « on est un grand site touristique, on n’a pas envie qu’il y ait un Meurtres à…, comme si on tuait chez nous tout le temps « . Donc c’est parfois très utile pour la région, et il y a certaines qui le prennent mal », admet-elle. Une fois sollicitée, France 3 commande un sujet mais ne donne pas forcément suite. « Si le sujet n’est pas bon, si on n’arrive pas à raccorder un couple d’enquêteurs, une légende, des fausses pistes, des autorisations de tournage… on ne le fait pas », indique-t-elle.

S’imprégner de la culture locale

Anne Homes rappelle au passage que « la ville reste le personnage principal de l’histoire ». « Tout est taillé autour d’elle, c’est pour cela que les scénaristes y passent une semaine pour s’imprégner de la culture locale », confie-t-elle. Si à ce jour, seule la ville de Saint-Malo a accueilli deux tournages (un épisode anniversaire intitulé Nouveaux meurtres à Saint-Malo proposait de retourner dans le décor de la première enquête pour les 10 ans de la collection), France 3 n’est pas à court d’idées pour la suite et n’envisage aucun doublon. « Il y a toujours matière à trouver une nouvelle destination, affirme-t-elle. En même temps, comme on met en avant des villes et des régions, on peut faire Meurtres sur la Côte Basque et Meurtres à Saint-Jean-de-Luz, Meurtres en Haute-Savoie et Meurtres à Chamonix ».

Cette saison, la collection nous emmènera à Font-Romeu, à Bayeux, dans le Cantal ou sur les îles de Lérins.

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