- L’exposition Léonard de Vinci s’ouvre ce jeudi au Louvre.
- Elle offre l’occasion unique d’admirer dix tableaux du maître de la Renaissance alors que seulement vingt peintures lui sont attribuées.
- Le musée a mis presque 10 ans pour mettre sur pied cette exposition. Pourquoi le projet était-il une mission quasi impossible ?
L’exposition Léonard de Vinci, qui ouvre ses portes ce jeudi au
Louvre, s’annonce déjà comme l’événement du siècle. Pour les 500 ans de la mort de l’artiste mythique, le musée parisien offre une occasion unique d’admirer 160 œuvres exceptionnelles dont dix tableaux du maître de la Renaissance (onze en prenant en compte La Joconde).
Une mission quasi impossible qui a nécessité dix ans de travail et des demandes de prêts un peu partout dans le monde, auprès de la reine d’Angleterre qui a prêté 24 dessins, du British Museum, du Vatican et de l’Italie. Le Louvre avait l’avantage de posséder des œuvres originales de l’artiste, mais les négociations pour en récupérer d’autres se sont parfois transformées en bras de fer. Pourquoi est-il si difficile de monter une exposition sur Léonard de Vinci ?
Seul le Louvre en avait les moyens
« Il est évident qu’il faudra du temps avant de voir une nouvelle rétrospective aussi importante que celle-ci », affirme Jan Blanc, professeur d’histoire de l’art à l’université de Genève. L’œuvre de Léonard de Vinci est limitée, on lui attribue seulement une vingtaine de tableaux et pour organiser une exposition, il faut pouvoir montrer une proportion suffisante de son œuvre. Le Louvre était le seul à pouvoir le faire car il possédait déjà cinq tableaux originaux de Léonard de Vinci, c’est-à-dire un quart de sa production. L’artiste-savant est mort en France en 1519 et une grande partie de son atelier a fini dans les collections royales qui ont donné naissance au Louvre.
Cette exposition a rencontré des problèmes pour solliciter des œuvres, Rome a fini par accepter de prêter plusieurs dessins dont le célèbre Homme de Vitruve à l’issue de négociations entre pays et entre musées. « Chaque institution qui possède un de ses dessins ne veut pas s’en dessaisir, et lorsqu’on les demande en prêt on est souvent face à une première opposition, a expliqué à
France Culture Vincent Delieuvin, conservateur en chef au département des Peintures du musée du Louvre, en charge de l’art italien du XVIe. La question des prêts a d’ailleurs bien failli mener à une
crise diplomatique entre la France et l’Italie. Le précédent gouvernement italien avait renâclé à prêter les œuvres et marqué sa mauvaise humeur au sujet de l’exposition du Louvre.
La question délicate de la conservation
Il faut dire que certaines peintures sont difficilement transportables. « Le Louvre, par exemple, ne prêtera plus jamais La Joconde pour des raisons de conservation, d’autres musées ont le même type de politique, ils prêtent très peu », reprend le spécialiste d’histoire de l’art. La Joconde a été peinte sur du bois de peuplier très mince, qui se bombe avec le temps. « La moindre différence de température ou d’humidité, la moindre secousse risque de casser le bois en deux », détaille Jan Blanc. D’autres œuvres ne peuvent tout simplement pas se déplacer comme La Cène de Milan, une fresque peinte sur un mur, qui est exposée au Louvre sous forme de copie.
Le cas de Léonard de Vinci n’est pas isolé. Une nouvelle rétrospective de l’œuvre de Vermeer, dont l’œuvre ne se résume pas à beaucoup plus qu’une trentaine de tableaux, n’est pas près de revoir le jour pour les mêmes raisons. « Pour monter une exposition complète, il faut quasiment toutes les œuvres de Vermeer et c’est quasiment impossible », observe Jan Blanc. En somme, c’est l’occasion ou jamais de plonger dans le génie de l’œuvre de Léonard De Vinci. Mais on ne veut pas vous mettre la pression.
Source: Lire L’Article Complet