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- Aujourd’hui, « Portrait huaco » de Gabriela Wiener paru le 18 août 2023 aux Éditions Métailié.
Alain Raimbault, contributeur du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « Portrait huaco » de Gabriela Wiener, paru le 18 août 2023 aux Éditions Métailié.
Sa citation préférée :
« Mes grands-parents paternels étaient si blancs que je ne me sentais pas à l’aise avec eux. Quand mon grand-père blanc est mort, ma grand-mère blanche s’est mise à nous toucher un peu plus et à péter tandis qu’elle passait d’une pièce à l’autre, elle a fait son coming out de catholique sympathique et m’a appris à tricoter. Ma grand-mère « chola » me berçait sur ses jambes et m’apprenait à prier, tandis qu’elle s’adressait à mon père comme si elle parlait au propriétaire de l’hacienda, jusqu’au jour où elle est tombée malade et s’est mise à envoyer bouler tout le monde. »
Pourquoi ce livre ?
- Parce que ce roman aborde de front, sans tourner autour du sujet, la vision encore coloniale et raciste que porte l’Européen blanc sur le corps de la femme, ici la narratrice, aux traits foncés, latino-américains, d’origine autochtone. Sur le corps de cette femme et de tout être non-blanc en fait car si l’époque des colonies, où les capitales européennes organisaient des zoos humains afin d’enseigner au bon peuple les curiosités et les bienfaits de la colonisation, si cette épouvantable époque, pas si lointaine, est révolue, la pensée, elle demeure.
- Parce que la narratrice, Gabriela Wiener, se trouve au confluent des deux mondes : d’un côté, son ancêtre « huaquero », pilleur de tombes du XIXe siècle, Charles Wiener représente le parfait colonisateur, raciste, menteur, égocentrique et beau parleur, qui n’a pillé les tombes péruviennes que pour l’édification de sa propre image, allant jusqu’à changer son prénom autrichien de Karl en Charles afin d’être complètement admis par les autorités françaises. De l’autre, le côté mésoaméricain, dont elle porte les traits, reconnaissables dans les statuettes pillées par son ancêtre et exposées au musée.
- Parce que ce roman aborde toute la complexité de la filiation avec un, ou des ancêtres blancs, vraiment à l’opposé de soi-même, et avec un père infidèle, qui entretenait une famille officielle et une clandestine. Vraiment, la narratrice se demande sans cesse comment se situer sur cet arbre généalogique, et une réponse parmi tant d’autres qu’elle apporte passe par une sexualité débordante, une vie intime à trois, de polyamour, avec un mari et une femme. Et des enfants. Et d’autres relations. Mais les questions sur l’identité demeurent.
- Parce que ce livre, remarquablement bien traduit de l’espagnol (Pérou) par Laura Alcoba, bien plus qu’une autofiction, est porté par un vent de révolte, par un questionnement incessant. Il aborde des sujets comme le désir, la filiation, l’amour, la famille, le deuil, le racisme, l’engagement politique, l’écriture, la jalousie, l’émigration avec franchise et clarté. C’est un texte lumineux, courageux et bouleversant.
L’essentiel en 2 minutes
L’intrigue. La narratrice part à la recherche de son ancêtre pilleur de tombe Charles Wiener ; elle connaît le deuil de son père et quelques perturbations dans son polyamour.
Les personnages. La narratrice, Gabriela Wiener, son époux Jaime et sa femme Roci ; l’ancêtre Charles Wiener ; les parents de la narratrice.
Les lieux. Le Pérou ; Paris ; Madrid.
L’époque. Le XIXe siècle, et aujourd’hui.
L’auteur. Gabriela Wiener est née à Lima en 1975. Elle est journaliste. « Portrait huaco », son premier roman, est en cours de traduction dans de nombreux pays.
Ce livre a été lu avec fascination, d’une part pour la quête d’identité de la narratrice aux origines mixtes, et pour la description de la vie en polyamour. C’est fascinant et très beau. Un véritable choc.
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