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- Le 16 septembre 2022, Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans, mourrait trois jours après son arrestation par la police des mœurs, qui lui reprochait d’avoir mal mis son voile.
- Le photographe free-lance de l’agence Sipa Press, Konrad K, explique à 20 Minutes le making of d’une photo réalisée lors d’un rassemblement en hommage à Mahsa Amini, le jour du premier anniversaire de sa mort, à Lyon.
Il y a un an, Mahsa Amini, une étudiante iranienne de 22 ans, décédait trois jours après avoir été arrêtée par la police des mœurs pour avoir prétendument enfreint le code vestimentaire imposé aux femmes en Iran. Ce décès entraînait une vague d’indignation dans la communauté internationale et des manifestations contre les privations de liberté en Iran. Un mouvement réprimé dans la violence par le régime des mollahs : 551 manifestants, dont 68 enfants et 49 femmes, sont tués par les forces de sécurité, selon Iran Human Rights, et plus de 22.000 autres arrêtés, selon Amnesty International.
Lors du premier anniversaire de sa mort, les rassemblements organisés en hommage ont été l’occasion de scander le slogan « Femme, Vie, Liberté ». Le photographe free-lance de l’agence Sipa Press, Konrad K, explique à 20 Minutes le making of de la photo d’une jeune femme brûlant un voile islamique, à Lyon, le 16 septembre 2023.
Que voit-on sur l’image ?
C’est la fin d’« un happening » où une jeune femme brûle son voile, explique Konrad K. La photo symbolise « la révolte des femmes à travers les flammes » contre « les privations de liberté ». En se remémorant « les deux images » fortes du mouvement de protestation après la mort de Mahsa Amini, il décrit « celle où les femmes se coupaient les cheveux » et « celle où elles brûlaient leur voile ». « C’est la fin d’une histoire » où elle ouvre « cinq ou six cadeaux » représentant l’oppression de la République islamique iranienne faite aux femmes. Le dernier étant « la corde au cou ». Il précise que la jeune femme a aussi un faux « œil crevé » mais sa main le cache sur cette image. Le tout se déroulant devant les portraits de Mahsa Amini et de personnes « retenues en prison en Iran » encore aujourd’hui. Il insiste sur le respect, par les protagonistes, des conditions de sécurité en « jouant avec le feu ».
Quel est le contexte de prise de vue ?
Le photographe confie qu’il a vu la préparation de la scène quand les manifestants ont versé un liquide inflammable sur le voile. Il a pris plusieurs photos à la suite, « quasiment en rafale », en étant « un tout petit peu sous-exposé » (avec moins de lumière entrant dans l’appareil photo), afin de faire « ressortir le feu » sur la photo. Le tout en se positionnant « assez proche » du sujet. A une question sur les conditions de travail lors de cet événement, il affirme que « c’est très aisé » dans ce contexte « d’hommage » d’exercer son métier. Il avoue « une certaine proximité » avec le thème et affirme que c’est « un message » qu’il a « envie de défendre ». Avec un brin de malice, Konrad K précise qu’un photoreporter n’est pas toujours en accord avec ce qu’il photographie, alors qu’ici il a envie que ses photos servent « à défendre ce combat ».
L’anecdote en plus
Après une question plus large sur la couverture des manifestations (réforme des retraites, conflits sociaux, 1er-Mai, etc.), il avoue « aimer » cet exercice car les gens expriment leur « colère », des « sentiments », et c’est « intéressant » pour un photographe de « capter ce genre d’attitude ». Il admet cependant que « c’est devenu assez compliqué » en évoquant « la montée crescendo » des violences « des deux côtés », aussi bien au niveau des « blocs » que des forces de l’ordre. Il précise que « depuis une dizaine d’années » cela s’est « vraiment accéléré », à partir des mobilisations contre la « loi Travail El Khomri » en 2016. Lui préfère maintenant couvrir l’arrière des cortèges, d’autant plus en étant photographe free-lance, mais reconnaît que certains confrères et consœurs font très bien ce type d’images de violence. Et que cela est utile afin de documenter un moment de la société. Tout en précisant que ce n’est pas une question de courage car il peut « être intrépide dans certains contextes » mais pas dans une mobilisation sociale. En conclusion, il ne souhaite pas prendre « un pavé » sur la tête ou « un coup flash-ball », dans le centre-ville de « Lyon ou Dijon ».
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