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  • Aujourd’hui, « Les pyromanes » de Vincent Delareux paru le 24 août 2023 aux Éditions L’Archipel.

Marceline Bodier, bookstagrameuse et contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « Les pyromanes » de Vincent Delareux, paru le 24 août 2023 aux Éditions L’Archipel.

Sa citation préférée :

Je t’aimerai comme je l’ai aimé, mon petit ange. Ma victoire, c’est toi. Victor : ce sera ton nom.

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que vous vous souvenez du Cas Victor Sommer et de sa maman ? 33 ans de vie commune sous les yeux d’un père qui n’avait d’existence que dans l’imagination de Victor. Avec Les pyromanes, on en apprend plus sur l’histoire de « Maman », qu’on ne connaissait que par son fils. On avait déjà compris qu’il avait été élevé de façon pathologique… et pourtant, on n’avait pas encore rencontré la famille ! Françoise, Thérèse, Jacqueline, Jeanne, pas d’homme… ah si, en fait, beaucoup d’hommes ; mais lorsque Françoise fait un vœu, c’est « qu’aucun père nous barre la route ». Vous voilà prévenus !
  • Parce que ça se confirme : la famille hétérosexuelle est la matrice des pires dysfonctionnements. Amélie Nothomb le sait bien, elle qui a écrit : « Les Pyromanes : c’est le récit d’un ravage. Et c’est ravageur. J’ai adoré. [Vincent Delareux] est formidablement documenté sur l’amour et la haine. Bravo. » L’amour, c’est celui de la lignée de Victor. La haine, aussi… Certes, il n’aura pas à revivre l’insoutenable rivalité mère fille que Françoise a subie ; mais avez-vous bien perçu l’ampleur de la très cruelle ironie que dissimule la citation en exergue de cette chronique ?
  • Parce qu’évidemment, à « Bréze » – ville, le feu est un des personnages principaux : tous les protagonistes jouent avec lui, de la manière la plus symbolique (si vous voyiez comment Thérèse allume les hommes…) ou la plus réelle. Souvenez-vous : chez Kazantzákis, Zorba brûle la vie par les deux bouts pour ne laisser « rien d’autre à la mort qu’un château que l’incendie a complètement détruit ». Ça se passe aussi comme ça chez Delareux, mais dans un registre nettement moins métaphorique. Ça ne donne pourtant pas plus envie de survivre… sauf à « Maman » et Victor – mais à quel prix ?
  • Parce que vous avez dit malédiction ? Prophétie, peut-être ? En tout cas, à Brézeville, un conte se transmet de génération en génération. Il raconte que le château de Lavaret, « la demeure des pendus et leur tombeau », un peu à l’écart de la ville, a été à la fin du XVIe siècle le théâtre de l’histoire incestueuse tragique de Paul et Louise de Lavaret, suicidés à l’adolescence et « à jamais unis par la corde ». Françoise s’identifie à ce destin fatal… mais pas jusqu’au bout de la corde : elle survivra pour aimer et élever Victor, sa « victoire ». Enfin, c’est ce qu’elle croit…
  • Parce que ce roman est un tour de force, puisqu’il ne se borne pas à faire de Victor le produit de sa généalogie directe, ni uniquement celui de l’imaginaire collectif de sa ville de naissance : il hérite aussi d’une tradition littéraire qui mêle les marâtres des contes de fées, Madame Bovary, La mère aux monstres de Maupassant, La chute de la maison Usher de Poe et bien sûr Le Horla, l’histoire « d’un fou qui brûle sa maison, comme beaucoup de fous ». Embraser ensemble généalogie, histoire symbolique et tradition littéraire : un coup de maître, réalisé avant 30 ans. La relève est assurée !

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Jeanne, « la folle aux poules », a élevé Thérèse, qui joue avec le feu depuis son plus jeune âge et enflamme le désir des hommes. Vous croyez que j’ai employé des métaphores ? Lisez donc Les pyromanes pour voir comment Françoise, future mère de Victor Sommer, s’empare de ces traditions familiales…

Les personnages. Dans la lignée de Victor, on ne sait pas si les plus toxiques sont les hommes ou les femmes : les hommes sont des salauds, les femmes des sorcières, et tout le monde souffle sur les braises. L’amour pourrait les sauver, si seulement ce n’était pas une « coulée ardente prête à tout engloutir »…

Les lieux. Brézeville n’est pas Yonville, mais la bourgade est dans la même Normandie que celle qui dévore Madame Bovary. Bien-pensance, jalousies, esprits étriqués, folie, on y retrouve tous les ingrédients qui mènent au pire, dans l’ombre d’un château aussi effrayant que ceux de l’urbex. Brrr…

L’époque. 1580, naissance de Paul de Lavaret. 1582, naissance de sa sœur Louise. 1598, ils sont « unis par la corde ». 1952, naissance de Françoise Sommer. 33 ans plus tard, celle de Victor, et 33 ans après encore… un livre raconte « son cas », avant que Les pyromanes nous en révèle les racines.

L’auteur. Quand les Normands se mêlent d’écrire sur l’ennui des petites villes de province, on sait bien à quelle postérité cela mène… C’est tout ce qu’on souhaite à Vincent Delareux, qui confirme avec Les pyromanes l’exceptionnelle précocité du talent qu’il avait déjà démontré dans Le cas Victor Sommer.

Ce livre a été lu avec le souvenir du Cas Victor Sommer bien à l’esprit : Les pyromanes en sont une sorte de préquel. Les deux livres peuvent se lire indépendamment l’un de l’autre. Mais croyez-moi, lire l’un, c’est avoir envie de se jeter sur l’autre sans tarder. Avec un espoir fou : éviter l’autodafé humain… êtes-vous prêts ?

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