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  • Aujourd’hui, « La couleur des yeux » de Béatrice Hammer paru le 10 novembre 2023 aux Éditions Avallon & Combe.

Marceline Bodier, contributrice du groupe de lecture 20 Minutes Books, vous recommande « La couleur des yeux » de Béatrice Hammer, qu’elle a interviewée. Son livre paru le 10 novembre 2023 aux Éditions Avallon & Combe sera présenté du 10 au 12 novembre au Salon de « L’autre livre » à la Halle des Blancs-Manteaux à Paris.

Sa citation préférée :

La tête me tourne, j’ai le vertige. Autant de vies possibles qui s’offrent à moi, sans qu’aucune me soit accessible… Où est ma place, dans tout ça ?

Pourquoi ce livre ?

  • Parce que Gustave croyait savoir qui il est (le fils de ses parents, pardi), mais à ses 13 ans, une carte envoyée par Tata Béa vient semer le doute. A qui ressemble-t-il le plus ? A ceux qui sont son papa et sa maman, même s’ils ont les yeux bleus et lui, les yeux noirs ? Aux Polynésiens qui lui ressemblent « comme deux gouttes d’eau », mais qu’il ne comprend pas ? Mais au fait… l’identité est-elle seulement une question de points de repère pour s’identifier, ou peut-elle s’inventer ? Joli florilège de questions, que pose ce livre à mettre entre toutes les mains.
  • Parce que quand Gustave commence à se poser des questions sur son identité, il le fait forcément d’une manière plus aiguë qu’un enfant qui n’a pas de raisons de penser qu’il a été adopté. Or, la manière dont les adultes le conseillent pour s’y repérer, c’est de lire. Lire tout ce qu’il pourra trouver sur la terre dont il serait issu. La fiction comme les guides, les livres d’images comme ceux d’histoire. Bien sûr ! Qui que nous soyons, la littérature a ce merveilleux pouvoir de nous aider à nous poser les bonnes questions – et de chercher nos propres réponses.
  • Parce que comme dans tous ses livres, Béatrice Hammer a le don de nous faire participer de manière simple à tous les ressentis de ses personnages, sans pourtant être pesante dans la description psychologique. « Je sens que ça lui fait du bien, de pouvoir participer » : et hop, nous ressentons toute la subtilité du raisonnement de l’enfant qui observe son père et fait un pas de côté malgré son impatience. Le livre ne fait que 100 pages, mais il nous fait passer par toute la gamme des émotions qui font une adolescence – et donc, le socle d’une vie.

Béatrice Hammer, vous nous faites voyager en Polynésie. A quoi sert le dépaysement en littérature ?

Il me semble que le dépaysement est précisément le propre de la littérature, en ce sens que l’on peut, grâce à un livre, partir à l’autre bout du monde, voyager dans le temps, partager la vie de personnes qu’on n’aurait eu aucune chance de rencontrer dans la vraie vie… Et ce qui est encore plus magique, c’est d’arriver, grâce à un livre, à partager les pensées et les émotions d’êtres très différents de nous, à les comprendre et à découvrir, au bout du compte, qu’on leur ressemble et que nous habitons tous le même pays !

Votre livre parle d’adoption d’une manière à laquelle nous ne sommes pas habitués. La littérature est-elle l’outil privilégié pour soulever des paradoxes ?

Le thème de l’adoption m’a toujours semblé particulièrement intéressant pour bâtir une intrigue, et lorsque, à l’occasion d’un voyage en Polynésie, j’ai entendu parler de la coutume du Fa’a’amu, j’ai eu envie d’écrire un texte qui l’évoque. J’avais envie de donner à voir une autre façon de se représenter l’adoption que celle qui a cours dans nos sociétés, où l’on porte souvent un jugement négatif sur les parents qui « abandonnent » leur enfant. La réalité est, comme toujours, bien plus complexe et bien moins caricaturale qu’on ne l’imagine.

Votre héros a 13 ans et nous pouvons tous retrouver en lui les questionnements identitaires de l’adolescence. Où avez-vous puisé votre inspiration ?

Ce n’est pas la première fois que j’écris un roman dont le narrateur est adolescent, c’était même le thème de mon tout premier roman, Kivousavé. Cette période de la vie m’intéresse énormément, c’est l’une de celles que je préfère, car il me semble que c’est celle où l’on devient soi-même. C’est aussi une période où l’on commence à se détacher de sa famille, où l’on s’interroge sur la personne que l’on est, où l’on se sent incompris, où l’on questionne le poids de l’inné et de l’acquis – et toutes ces interrogations me semblent prendre une force particulière dans le cas d’une adoption. D’où mon choix de cette thématique, pour ce texte.

L’essentiel en 2 minutes

L’intrigue. Gustave a le teint un peu plus foncé que ses parents : oui, mais son père avait une grand-mère polynésienne ! Il a les yeux noirs, ses deux parents les ont bleus… ah, alors là, il devrait se renseigner. Il faut dire que Tata Béa a déjà mis les pieds dans le plat… quelle est sa véritable histoire ?

Les personnages. Gustave commence l’histoire avec « papa-maman » (« un dieu bienveillant »), et trouve sur son chemin d’autres mères qui l’aideront à comprendre qui il est : Tata Béa, la prof de SVT… et Moana, bien sûr. Et évidemment, toutes n’ont pas les yeux bleus !

Les lieux. Le roman se passe à Paris, puis aux antipodes, en Polynésie. Mais peu importe la distance : « il me semblait que tout était à sa place, avec ce pont fragile de la pensée qui reliait la terre d’ici au sable de là-bas. »

L’époque. Le livre se passe aujourd’hui, le livre est intemporel. Ce qui compte, ce sont les treize ans qui séparent Gustave de l’année de sa naissance, pendant lesquels Tata Béa n’a cessé de se brouiller et de se réconcilier avec ses parents. Mais pourquoi ?

L’auteur. Béatrice Hammer est une autrice d’une finesse et d’une délicatesse décidément hors norme. Chaque nouveau roman d’elle est la promesse d’un voyage et La couleur des yeux ne fait pas exception à cette règle. Je vous recommande l’intégralité de son œuvre !

Ce livre a été lu avec un grand apaisement. L’histoire de Gustave est tout aussi surprenante qu’évidente et quand vous serez entrés dans les coutumes polynésiennes, vous vous demanderez, comme moi, pourquoi nous n’y avions pas pensé plus tôt.

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