Deux ans après le meurtre d’Aurélie Vaquier dans l’Hérault, de nouvelles informations sur les circonstances de sa mort ont été révélées par l’ordonnance de mise en accusation du suspect numéro un de l’affaire, Samire Lymani, compagnon de la jeune femme de 38 ans retrouvée morte dans un sarcophage de béton en avril 2021.
Les conclusions de la juge d’instruction témoignent d’un féminicide sordide que l’accusé aurait tenté de dissimuler par tous les moyens.
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Aurélie Vaquier attaquée avec une massette ?
Consulté par Midi Libre, le document de cinquante pages rendu par la magistrate dévoile les conclusions glaçantes des médecins après l’autopsie de la dépouille. Les scientifiques ont notifié une phase d’asphyxie dans l’agonie d’Aurélie Vaquier, et n’excluent donc pas que la victime a pu être enterrée vivante, « sous réserve d’une altération de la conscience préalable ». Ainsi, son concubin, ancien champion de France de lutte, aurait pu lui infliger une prise « bras tête », ou « prise du sommeil », afin de la rendre inconsciente.
Fin juillet 2022, une petite masse a été retrouvée derrière une cloison de placoplatre, sous de la laine de roche, par le nouveau propriétaire du lieu. « Il est légitime de considérer, du fait même de sa dissimulation, que la massette ait été utilisée pour pratiquer une clé de cou et provoquer l’asphyxie de la victime telles que les médecins légistes l’ont indiqué », estime la juge d’instruction dans son compte-rendu.
D’autres objets appartenant à la victime ont été retrouvés au même endroit : un chéquier, un portable à coque rose et ainsi qu’une paire d’écouteurs.
Samire Lymani aurait usurpé son compte Facebook
Le 7 avril 2021, le corps d’Aurélie Vaquier avait été découvert sous une dalle de béton à l’intérieur de son domicile à Bédarieux (Hérault), par des militaires de la compagnie de gendarmerie de Béziers, de la section de recherches de Montpellier.
La femme alors âgée de 38 ans avait disparu depuis le 28 janvier, après être partie à pieds de chez elle sans prendre son téléphone, mais avec une petite valise, afin de « prendre l’air », avait assuré son compagnon. Dès le 26 janvier, elle n’avait plus aucune activité sur ses réseaux sociaux.
Un message envoyé sur Messenger à son compagnon depuis le compte de la victime, le 13 février 2021, assurait qu’elle était en retraite littéraire et qu’il ne fallait pas alerter ses proches. Ces derniers ont réfuté son origine, soulignant qu’il était plein de fautes d’orthographes et de syntaxe, contrairement à aux habitudes de la victime.
Dans son rapport, la juge d’instruction souligne que l’idée de cet isolement d’Aurélie Vaquier avait été qualifiée de « connerie » de la part de son conjoint et que celui-ci aurait pu usurper l’identité de la disparue pour feindre des échanges après sa mort. D’autant qu’en garde à vue, lorsque les enquêteurs lui ont demandé de réécrire le message dicté, le prévenu a reproduit des fautes dans le texte.
Fin février 2021, un appel à témoins avait été lancé par la gendarmerie de Bédarieux pour retrouver la vendeuse de cosmétiques bio, récemment arrivée dans le village. L’ancien militaire et chauffeur routier, également père de famille divorcé, est mis en examen pour « meurtre aggravé » le vendredi 9 avril 2021. Tout au long de sa garde à vue, il a nié avoir tué Aurélie Vaquier et dissimulé son corps. Malgré les éléments accablants qui souligneraient sa culpabilité, Samire Lymani brandit encore la piste d’une trace ADN non identifiée sur la bâche dans laquelle était enveloppée la victime.
Conflits et infidélités
L’ordonnance de mise en accusation de Samire Lymani citée par Midi Libre dépeint une ambiance toxique au sein de la relation entre ce dernier et Aurélie Vaquier. Des tensions apparaissent dans le couple, notamment sur la question des répartitions des tâches ménagères. Aussi, confie Aurélie à une amie, son compagnon lui lancerait régulièrement des insultes. La jeune commerçante aurait également recherché « comment se défendre d’un pervers narcissique » sur internet et regardé des vidéos sur le sujet.
Le couple s’était rencontré à l’été 2020, lorsque le suspect a loué une chambre de l’appartement d’Aurélie Vaquier par le biais de la plateforme Airbnb, dans le village de Villeveyrac. Puis, ils ont sont installés à Bédarieux, dans une ancienne galerie d’art qu’ils prévoyaient de transformer en boutique et restaurant vegan à la suite de travaux.
Selon les écrits de la juge d’instruction relayés par le quotidien régional, Samire Lymani, alors qu’il était déjà en couple avec Aurélie Vaquier, avait contacté presque une centaine de personnes sur des site de rencontres, se décrivant comme « célibataire » et « en manque » depuis au moins trois mois, voire un an.
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L’expertise psychiatrique inquiétante du suspect
Dans leur rapport, les experts dressent le portrait d’une personnalité « caméléon » à la dangerosité criminologique, selon Midi Libre. Après la mort de sa compagne, il a vécu deux semaine au domicile conjugal, avec son fils et son neveu, au-dessus du corps.
Selon l’ordonnance, Samire Lymani se serait servie de la carte bancaire d’Aurélie Vaquier, tout en l’insultant et la dénigrant auprès de sa soeur. Il serait aussi allé jouer aux jeux vidéos avec la famille de la disparue.
La juge d’instruction rappelle aussi cette phrase lunaire, lâchée lorsque la dépouille de la victime a été déterré : « Ça pue. »
L’homme déjà condamné pour vol et désertion est renvoyé devant la cour d’assises pour meurtre sur conjoint. Il risque la prison à perpétuité a précisé le procureur de la République de Béziers, Raphaël Balland.
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