Il y a exactement 33 ans, le 21 novembre 1990, Margareth Thatcher démissionnait de son poste de Première ministre. L’occasion pour Gala.fr de se pencher sur la relation complexe qu’entretenaient l’Iron Lady avec Elizabeth II, lors de ses mandats allant de 1979 à 1990.
Le 21 novembre 1990, le Dame de Fer a fini par plier. Il y a trente-trois ans, jour pour jour, Margareth Thatcher remettait sa démission du poste de Première ministre à Elizabeth II, après onze années de services rendus au Royaume-Uni. Trente ans plus tard, Netflix a adapté en série la relation « glaciale » entre les deux femmes de pouvoirs, lors de la saison 4 de The Crown, qui a débarqué le 15 novembre 2020 sur Netflix. Cette salve d’épisodes se centrait sur l’arrivée de la princesse Diana (jouée par Emma Corrin) au sein du clan Windsor et retraçait sa relation compliquée avec le prince Charles et la reine Elizabeth II (Olivia Colman). Dans cette décennie turbulente, qui s’est étalée de 1979 à 1990, la souveraine britannique devait donc composer avec une Diana Spencer, insouciante et hors cadre royal, mais aussi avec une autre femme de poigne : Margaret Thatcher, alors Première ministre du Royaume-Uni, interprétée par Gillian Anderson.
Nées à seulement cinq mois d’intervalle, Elizabeth II et la « Dame de fer » auraient pu constituer un duo de pouvoir inédit au sein de la puissance britannique. Il en a pourtant été tout autre. Car leur faible écart d’âge ne les a pas empêchées d’entretenir une relation complexe. La Reine trouvait Lady Thatcher souvent froide, malgré le respect qu’elle portait à son parcours. Surtout, les deux femmes s’opposaient sur de nombreux points de vue. Car si Margaret Thatcher, première femme à diriger le Parti conservateur, était défendue bec et ongles par la Reine mère, il n’en était pas de même de sa fille aînée, loin de complètement adhérer à l’idéologie méthodiste de l’Iron Lady. L’historien britannique Ben Pimlott, décédé en 2004, dira même un jour de la souveraine qu’elle était « un peu de gauche, à sa manière« .
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Elizabeth II et Margaret Thatcher : des différences de points de vue
En effet, Elizabeth II aurait essuyé quelques sueurs froides pendant les 11 ans de gouvernement thatchérien. Que ce soit avec la Guerre des Malouines en 1982, puis la Grève des mineurs au milieu des années 1980. Ce dernier conflit l’a beaucoup marquée. Entre mars 1984 et mars 1985, près de 100 000 ouvriers ont arrêté le travail pour contester la fermeture d’une vingtaine de mines de charbon. Face à la virulence des syndicats, Margaret Thatcher, peu encline à négocier, y a opposé une fin de non-recevoir. Elle, qui pensait que les épouses des mineurs finiraient par raisonner leurs maris, a vite déchanté, car ces dernières ont rejoint leurs époux dans le combat. Dans ce conflit, la souveraine britannique, qui devait à l’époque (et encore aujourd’hui) montrer une neutralité politique à toute épreuve, aurait exprimé son soutien pour les épouses de mineurs.
Un autre sujet a durablement opposé Elizabeth II et Margaret Thatcher : l’apartheid en Afrique du Sud. Contrairement à la souveraine britannique, la Première ministre ne soutenait pas les sanctions faites contre le régime sud-africain. Grande amie du président Pieter Willem Botha, l’homme fort de l’apartheid, la femme politique entretiendra une relation ambigüe à la ségrégation. Malgré ses positions controversées, elle pressera tout de même en privé PW Botha pour qu’il démantèle son régime et libère Nelson Mandela.
Deux femmes au caractère opposé
Au-delà de leurs divergences politiques, la fille de George VI et la cheffe de gouvernement différaient de par leur personnalité. C’est ce que dévoile un documentaire The Queen and her Prime Ministers (« La Reine et ses premiers ministres », en français), réalisé en 2012 et disponible sur Amazon Prime. Le narrateur du film qualifie ainsi leur relation de « parfois délicate ».
En effet, la reine Elizabeth II aurait plusieurs fois joué avec les nerfs de Margaret Thatcher. Cette dernière – « extrêmement respectueuse de la monarchie » et peut-être « trop ponctuelle », comme la décrit Bernard Ingham, son ancien attaché de presse – arrivait souvent bien en avance lors de son rendez-vous hebdomadaire avec la Reine. Problème : sa déférence exagérée irritait la monarque britannique. « Chaque fois qu’elle allait voir la reine, Mme Thatcher arrivait toujours un quart d’heure trop tôt pour son audience hebdomadaire et chaque semaine, la reine la laissait attendre 15 minutes« , dévoile le narrateur du documentaire.
« Sa révérence descend jusqu’en Australie« , aurait même raillé la Reine, selon l’auteur Graham Turner, qui ajoute qu’Elizabeth « plaisantait toujours du fait qu’elle n’écoutait jamais un mot de ce qu’elle disait ». Mais comment interpréter ce comportement ? « La relation est d’autant plus difficile que leurs rôles semblent confus« , écrivait le journaliste Anthony Sampson en 1982. « Le style de la reine est plus terre-à-terre et domestique, tandis que Mme Thatcher (qui est plus grande en taille) se comporte comme une reine. »
Elizabeth II et Margaret Thatcher : vraiment ennemies ?
Pourtant, malgré ces différences, l’antagonisme entre Elizabeth II et Margaret Thatcher serait à relativiser, à en croire certains experts. Selon la dramaturge britannique Moira Buffini, qui a consacré une pièce à leur relation, la Reine était un modèle pour la Première ministre britannique. « Les chapeaux, les gants, les manteaux aspiraient tous à ressembler à la femme qu’elle admirait. (Margaret Thatcher) aspirait à être royale », a dévoilé la femme de théâtre auprès du Guardian.
Selon le biographe royal Hugo Vickers, Elizabeth II aurait quant à elle été « très contrariée » par la façon dont Lady Thatcher a été évincée en 1990. Cette dernière a été obligée de démissionner face à la défiance de certains membres de son gouvernement, dont Michael Heseltine, qui s’est opposé à elle lors d’une élection au sein du Parti conservateur. Preuve de ce soutien implicite de la reine : en 1995, elle honore Margaret Thatcher de l’ordre de la Jarretière, la plus haute distinction britannique.
Surtout, la monarque britannique rendra le plus bel hommage à l’ancienne Première ministre en se rendant à ses funérailles en 2013. Un geste loin d’être anodin, puisqu’Elizabeth II n’est allée à aucun enterrement de ses premiers ministres, si ce n’est celui de son mentor Winston Churchill. Sa présence sera d’ailleurs interprétée par de nombreux médias britanniques dont le Telegraph, pourtant monarchiste, comme « totalement en décalage avec l’impartialité traditionnelle de la monarchie britannique moderne« .
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