Elle est à l’affiche du film "Portrait d’une jeune fille en feu", en salle le 18 septembre. Adèle Haenel est une artiste réservée. Peu bavarde sur sa vie privée, elle l’est quand il s’agit de ses engagements ou de son amour de son métier, avec beaucoup de verve et d’expertise.
Née le 1er janvier 1989 à Paris, Adèle Haenel, grandit dans une famille d’intellectuels. C’est entourée de sa mère, professeure et son père, traducteur, qu’elle développe sa passion pour le théâtre. Repérée à l’âge de 13 ans par Christophe Ruggia, elle joue dans Les diables en 2002.
La littérature permet de préparer des rôles.
Passionnée et investie, l’actrice cultive son art : « Je lis beaucoup… La littérature permet de décortiquer les sentiments et de préparer des rôles », expliquera-t-elle à Madame Figaro. Une méthode qui porte ses fruits. Avec une vingtaine de films à son actif, Adèle Haenel compte pas moins de 11 nominations et 3 récompenses.
Après cinq années sans tourner, on la retrouve dans Naissance des pieuvres (2007), le premier film de Céline Sciamma. Elle y incarne Floriane, capitaine d’une équipe de natation synchronisée, qui vit ses premiers émois amoureux. Un rôle qui lui permettra d’être nommée aux Césars, dans la catégorie « Meilleur espoir féminin ». En 2012, elle est nommée une deuxième fois pour son rôle dans L’Apollonide : souvenir de la maison close (2011) de Bertrand Bonello. Elle reçoit également le prix Lumière de la presse étrangère de la « Révélation féminine de l’année ».
C’est un mélange de femme fatale et d’ado brutasse.
Deux ans plus tard, elle est sacrée « Meilleur actrice dans un second rôle » avec le film Suzanne de Katell Quillévéré, avant de connaître la consécration en 2015, en recevant le César de la Meilleure actrice, pour son interprétation de Madeleine Beaulieu dans Les combattants (2014), premier long-métrage de Thomas Cailley. D’elle, il dit : « C’est un mélange de femme fatale et d’ado brutasse », quand son ex-compagne, la réalisatrice Céline Sciamma estime, « cette femme est en fusion ».
Si son talent d’actrice est reconnu par l’industrie du cinéma français, sa personnalité conquiert le cœur du public. Qui est Adèle Haenel ? Cette personne touchante qui peut faire rire toute une salle avec juste un mot « Voilà », lors de son discours de remerciement aux César en 2015 : « Ça fait vraiment un drôle d’effet ». C’est le super-pouvoir de cette actrice dont le naturel et la simplicité détonnent dans cet univers glamour et convenu.
En 2013, toujours sur la scène des Césars, elle lâche : « Je voulais remercier Céline… Parce que je l’aime. » Une déclaration d’amour à Céline Sciamma et un coming out sans prise de tête, qui passe relativement inaperçu.
S’en émeut-elle ? Au contraire : « J’ai fait les choses à mon échelle. Ce qui est drôle, c’est qu’après la cérémonie des César, c’est comme si personne n’avait entendu. Je me suis dit ‘Tant mieux, je n’ai pas envie d’en parler' », confit-elle plus tard au magazine LGBT Têtu. En effet, bien qu’engagée, l’actrice « refuse d’être un porte-drapeau ».
Je ne révèle rien de moi.
Car si elle se donne dans ses rôles, Adèle Haenel est pudique concernant sa vie privée : « Je ne révèle rien de moi. Personne ne saura jamais qui je suis, et pour moi, cette décision est un acte de résistance », peut-on lire dans les pages de Madame Figaro.
Lorsqu’elle est interviewée pour la promotion de ses films, l’actrice aime explorer la psychologie de ses personnages tout comme rebondir sur leurs intrigues pour revendiquer ses engagements personnels.
Je me revendique féministe.
« Moi, je me revendique féministe, » dit-elle à Marie Claire en 2017, lors d’une interview croisée avec Adèle Exarchopoulos pour la sortie de Orphelines. Plus loin, elle explique pourquoi elle existe qu’exister demande une sacrée dose de combat » : « On est écrasé par les injonctions. Il faudrait être comme ci ou comme ça. En fonction d’où tu es né, de ta couleur de peau, de ton orientation sexuelle, de ton sexe…, j’assimile ça à de la fausse vie, de la vie plate, sans intérêt. Moi c’est là où j’envoie chier tout le monde, et où l’acte d’exister devient une résistance. Donc on peut appeler ça un petit combat. »
Dans son dernier film Portrait de la jeune fille en feu, écrit pour elle par Cécile Sciamma, Adèle Haenel incarne une femme qui tombe amoureuse d’une peintre, censée la peindre pour qu’elle soit ensuite bonne à marier. Un film contre les conventions, et qui oppose le « female gaze » féministe d’une réalisatrice, Céline Sciamma, au « male gaze » objectivisant qui domine le 7e art.
Au micro de France Inter, le 13 septembre, le journaliste Ali Badou parle d’images « old school » pour décrire les scènes sensuelles du film. Adèle Haenel, elle préfère évoquer la vision stéréotypée de la sexualité des femmes dans le cinéma : « Ici, il ne s’agit pas de simulation, mais d’invention, ce sont des images dont on manque en tant que femmes. »
Adèle Haenel explique : « Le regard masculin a été pendant très longtemps associé à un regard neutre, parce que l’immense majorité des films sont produits par des hommes qui regardent des femmes. Il faut dire que ce regard a une origine et un rapport avec la domination masculine. »
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